Sunday, December 11, 2005

Abdul Joshua Ruzibiza: porte-parole des ressentiments des rescapés du génocide de 1994.


R W A N D A

La revue hebdomadaire de la presse
rwandaise

N° 204 du 15 au 22 novembre 2005

Les Points Focaux

1. Editorial

Sarcasmes autour d’un livre

Le lieutenant Abdoul Ruzibiza est un dissident hors du commun. Le livre qu’il vient de publier, Rwanda : Histoire secrète, est commenté avec rancœur et sarcasme dans les milieux proches du pouvoir à Kigali, avec chaleur et applaudissements nourris dans les milieux de l’oppositions de la diaspora et dans les lieux des tenants de la ligne revancharde et négationniste.

Pourtant, le jeune lieutenant dissident, au-delà du débat qu’il suscite, symbolise une frange de la population rwandaise, celle des rescapés du génocide. Peu importe les opportunités que certains groupes politico-ethniques peuvent tirer de la mauvaise interprétation de ce livre, il ressort que ce brûlot montre les ressentiments des tutsi rescapés de l’holocauste ; ceux-là qui, loin d’être des stratèges militaires, croyaient, en 1994, aux temps forts du génocide, que les troupes du FPR devraient avoir, dans leurs priorités, le souci de leur porter secours en premier. Sebasoni Servilien, conseiller en communication du FPR, lance dans le débat des termes qui choquent certains. « Il fallait viser la capture du pouvoir en priorité en tant que stratégie durable pour arrêter à jamais le génocide ». Certains y verront quelque contradiction, d ‘autres un cynisme machiavélique hors du commun, mais moi je crois plutôt que ce rationalisme froid procède par un égocentrisme malheureusement imposé par le spectacle de la guerre qui veut qu’on maximise les chances de victoire sur l’ennemi

Ce livre est, pour moi, une façon de délier les langues. Il vient comme un défoulement psychologique. C’est le début d’une thérapeutique sociale. Malheureusement, les compatriotes y vont avec leurs rancœurs, leurs ressentiments, leurs rancunes et leurs haines. Des forces obscures internes et externes interviennent toujours pour balkaniser le Rwanda social en deux groupes ethniques : Hutu et Tutsi, qui doivent continuer à vivre à couteaux tirés et à dichotomiser leur conception de la vie et de la société.

Cette culture naissante de l’écriture sur des sujets embarrassants, qui escamote ou dépasse l’oralité superficielle chère aux Rwandais est une démarche graduelle qui leur permettra d’entrer, de fait, dans l’ère de la tolérance sociale et politique. « Rwanda : Histoire secrète ne doit pas être récupéré par les groupes de l’opposition de la diaspora qui ne font qu’avancer ou reculer en rangs dispersés. Pour ma part, je pense que ce livre qui fait ressortir les sentiments cachés d’une partie des rescapés de l’intérieur et de l’extérieur, peut inciter le gouvernement à revoir sa copie sur sa politique d’unité et de réconciliation nationale, y compris celle d’assistance aux rescapés du génocide. Faute de ne pas offrir à ces derniers une justice réparatrice, le gouvernement est appelé à mettre sur pied un Fonds de compensation au bénéfice des tutsi rescapés du génocide de 1994, et ce, dans le dessein de redonner à ce groupe social les droits économiques qu’il a perdus durant l’holocauste.

La Rédaction





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Le colonel Besigye embastillé, à qui le tour demain ?

Peu d’Ougandais ont cru au retour du farouche opposant au régime Museveni, et ils l’ont vu sillonner le pays. Ils ont ensuite cru que l’heure du pluralisme avait réellement sonné, que le NRM au pouvoir n’avait plus l’intention de régler ses comptes avec ce dissident. Erreur, le parti au pouvoir guettait le moment opportun, tel un fauve. Ainsi, comme le rapporte The Daily Monitor, le régime Museveni ne pouvait faire autrement. Pour ce quotidien indépendant ougandais, le régime en place ne pouvait faire autrement, le loup était déjà dans la bergerie !

« …le seul moyen d’empêcher Besigye de mettre sur les rails son projet de mettre fin à la présidence à vie, c’était de l’arrêter et de l’accuser de trahison. On est aussi surpris d’entendre dire qu’il soutient une rébellion armée…Où est la rébellion du PRA( People’s Redemption Army) ?…Comment peut-on affirmer que quelqu’un qui appartient à une rébellion peut accepter de rentrer alors que, il y a quelques mois, des présumés rebelles du PRA ont été torturés et jetés en prison…Le Dr Besigye est innocent et Museveni le sait… »,

Une arrestation qui permet au régime en place en Ouganda de régler ses affaires politiques, mais aussi économiques. Peut-être pour un temps !

« A supposer que le PRA existe. C’est aussi fort probable que Museveni et ses généraux ont intérêt à inventer une rébellion opérant au Congo pour assouvir leurs besoins politiques et économiques. Qui peut les empêcher d’inventer le PRA, pour régler des comptes à l’intérieur du pays ? Pourquoi ne pas faire face à leur principal opposant au lieu d’entrer au Congo, capturer des ‘rebelles’ qui viennent confesser qu’ils planifiaient d’envahir le pays sous le commandement du Col. Besigye ! Les courtisans de Museveni sont capables de telles manœuvres… »,

constate le quotidien ougandais. Bien avant son arrestation, l’ancien colonel de l’armée ougandaise et ancien compagnon d’arme du président Museveni avait eu le temps de s’exprimer devant ses militants. Discours de campagne, c’est sûr, mais aussi vérité blessante pour un parti au pouvoir qui règne sans partage depuis vingt ans. A ce sujet, justement, le quotidien kenyan The Daily Nation rapporte que :

« Le président du FDC ( Forum for Democratic Change), Kizza Besigye, a récemment déclaré qu’il n’a aucun problème avec le président Yoweri Museveni. Il a dit qu’il est plutôt contre le mauvais leadership et la corruption qui caractérise l’entourage du Président Museveni…Il a ajouté que dans ses premières années au pouvoir, l’actuel président a tout fait pour développer le pays, mais qu’à force de se maintenir au pouvoir, il est devenu dictateur… »
Disparités entre le nord et le sud. Et cela, le col Besigye n’ignore pas qu’en le disant, il touche sur la corde sensible de son électorat, et donc sur le talon d’Achille du régime Museveni essentiellement détenu par ses amis et parents de l’Ouest !

« Le col Besigye a poursuivi en disant qu’en 2001, 35% d’Ougandais vivaient sous le seuil de la pauvreté. ‘ Aujourd’hui, dit-il, c’est plus de 40%’. Il a précisé que dans le nord du pays, 70% d’Ougandais n’ont rien à manger. Dans le Bunyoro, la misère touche entre 55 et 60 % d’habitants, ‘Cela ne peut se passer quand le développement est partagé dans tout le pays… ‘ One Uganda, One
people’ (un seul Ouganda, un seul peuple), a-t-il scandé devant ses militants…Kizza Besigye a déclaré avoir un vrai plan de développement du royaume du Bunyoro ‘parce que le Bunyoro est connu pour être un royaume très fort, et cela Museveni le sait’… Il a dit que la politique dite de réconciliation nationale amorcée par Museveni est une coquille vide. ‘Comment peut-on réconcilier les morts ?’, s’est-il interrogé en faisant référence aux récentes déclarations de Yoweli Museveni qui disait s’être réconcilié avec feu Milton Obote alors qu’il avait, dans le temps, juré de l’assassiner. »
On aura compris que le col Besigye ne se prive pas du droit- comme la majorité d’opposants africains- de jouer avec les poudres inflammables du régionalisme ( et donc du tribalisme) pour gagner le vote des siens. C’est cela aussi l’Afrique. Les acteurs politiques ont du mal à sortir de leur carcan tribal et régional. Oppositions et régimes en place, c’est bonnet blanc, blanc bonnet quand il s’agit de faire peser dans la balance les origines claniques, tribales, régionales pour garder ou conquérir le pouvoir. Coffré, Besigye risque de perdre l’élection sans s’être présenté

« Une démocratie corrompue ou une honnête dictature ?», s’interroge en machette Thomas Kagera dans The New Times du 18 au 20 novembre. Le confrère rwandais qui qualifie ainsi « la république sœur » nord ( s’il faut reprendre le très cher langage diplomatique) critique sans ménagement le régime en place en Ouganda en s’interrogeant en quoi Kizza Besigye est plus dangereux que les autres militaires, généraux et officiers qui affirment ouvertement avoir basculé dans l’opposition.

« Pour revenir au voisin ougandais, quand le ‘Movement’ a pris le pouvoir, il a favorisé la liberté de la presse tout en bannissant celle d’Association, sauf dernièrement, quand la loi a ressuscité le multipartisme. Beaucoup a été dit depuis l’arrestation du col Kizza Besigye, président du FDC accusé de viol et de haute trahison. On dit que le PRA- dont Besigye est accusé d’être le leader- est une pure émanation du régime en place pour salir le nom de cet opposant…Nous ne pouvons pas nous amuser à dire si Besigye est coupable ou pas de viol et de trahison, il faut attendre le verdict de la cour. Mais, maintes questions restent sans réponses. Besigye agirait seul… ? Pourquoi d’autres militants du RA et du FDC ne sont pas inquiétés ? Pourquoi par exemple, des gens comme Mugisha Muntu, Mushega, Njuba, Kategaya ne sont pas visés alors qu’ils sont très critiques envers le pouvoir ? Besigye agit avec qui pour trahir aussi gravement le pays ? Je ne dis pas que l’accusé est ou pas coupable, c’est le rôle de la cour- après tout, il a toujours répété que ceux qui optent pour les résolutions pacifiques, ne sont pas à mesure d’évitables les résolutions violentes… »,
écrit le confrère du New times pour qui le régime ougandais fait fausse route en mettant aux arrêts un opposant d’une telle carrure. Les indécis sont ainsi fixés sur le choix à faire l’an prochain lors du scrutin présidentiel. Ils ne choisiront pas Museveni, mais ils voteront pour celui qu’il aura rendu un martyr. Mais, un renard politique comme lui laissera-t-il l’occasion au col Besigye de se présenter aux élections ? « Si de lourds soupçons pèsent contre lui, il perdra l’occasion d’être élu par son parti pour le représenter », constate The East African kenyan.
« Lukwego Erias, un homme de lois, nous a fait savoir que si la cour décide que de lourds soupçons pèsent contre lui, il risque d’être gardé en prison pendant 121, période réservée à l’enquête. Si les choses se passent comme cela, à la date butoir du 18 décembre où les candidats à la présidence auront déjà été désignés, il sera toujours en prison… » Et s’il était justement prévu que les ‘choses’ se passent comme cela ! Car, comme l’écrit The New Times, Besigye et ses ‘complices du PRA’ seront jugés par la justice militaire.

« Même si les juridictions civiles déclaraient innocent le colonel à la retraite, Kizza Besigye, il fera face, de toutes les façons, à la cour martiale. Selon le porte-parole a.i de l’armée ougandaise, le major Félix Kulayigye, toutes les personnes du People’s Redemption Army (PRA) seront ré-arrêtées aussitôt libérées par les juridictions civiles. Kulayigye a déclaré que l’UPDF(armée ougandaise) ‘ attend que le processus civil arrive à terme pour que l’armée entame le sien… »
Sans nul doute donc que l’opposant Kizza Besigye ne verra pas son nom figurer sur le bulletin de vote en 2006. Ce n’est peut-être que partie remise. Ce sera pour plus tard, après le troisième mandat de Yoweli Museveni, si entre temps, il est sorti de prison.

« Pourquoi la succession de Museveni n’est pas une priorité » écrit en titre The East African qui affirme qu’au NRM, les successeurs de Museveni ne se bousculent pas au portillon, car tous ses challengers l’ont abandonné depuis qu’il s’est offert une présidence à vie. Ceux qui restent n’ont pas le charisme nécessaire pour prétendre devenir un jour président de la république.

« Créé en octobre 2003, le NRM disait avoir assez de force de faire face à toute opposition. Pourtant, le parti fait face à de sérieux problèmes internes à la veille des échéances électorales de 2006. Il manque de leaders ayant une notoriété nationale. La majorité des membres actuels les plus influents au NRM sont recrutés dans l’Ouest ougandais, région d’origine du Président Museveni. Certains politiciens qui ont travaillé avec lui depuis les années 1980, alors qu’il lançait sa rébellion qui lui a permis de prendre le pouvoir en 1986, et qui étaient vus comme ses probables successeurs l’ont quitté depuis qu’il a voulu s’octroyer un troisième mandat. Il s’agit entre autres de Bidandi Ssali, Eriya Kategaya, le Général Major Mugisha Muntu, et le Secrétaire général de l’EAC…Les probables successeurs du président Museveni ne trouvent leur soutien qu’au niveau local, dans leurs circonscriptions d’origine. Cela est aussi vrai pour le vice président, le prof Gilbert Bukenya…et le premier ministre, le prof Apollo Nsibambi qui ne s’est jamais présenté devant des électeurs…»
Seulement, à quoi servirait cette course vers la succession dès lors que le ‘Chef’ est encore là et qu’il ne partira pas aussi tôt qu’on le pense. Il aura tout de même raté l’occasion d’être mis dans les annales de l’Histoire de l’Ouganda comme le premier président ayant pacifiquement passé la main à son successeur ! Aujourd’hui, toutes les options sont possibles, y compris celle des armes pour le chasser du pouvoir.


Le FPR danse-t-il seul sur la piste ?

Impossible d’affirmer le contraire à ce confrère du journal Umuco qui titre « Le FPR écarte d’autres partis », pour ensuite prouver- à sa façon !- que le parti au pouvoir joue seul sur le terrain politique. Comme si, au cas où ces affirmations seraient vraies, il faudrait seulement condamner le
joueur et pas ceux qui, joueurs, eux aussi, n’osent pas ou ne s’offrent pas les moyens de participer au jeu !
Plus loin, le même journal se demande ce que reste de l’idéologie progressiste du parti (FPR) fondé par feu Rwigema Fred à la fin des années 1980.

« Dans le journal Umuco n°18 du 17 au 30 septembre 2005, dont la police nationale a interdit la vente, il y avait un article intitulé : ‘Le FPR collecte les cotisations comme le MRND’. Par près, des personnalités de tous les horizons, fonctionnaires de l’Etat, membres de la société civile ont réaffirmé au reporter qu’il avait dit vrai, qu’il avait seulement commis l’erreur de ne pas approfondir l’enquête… »

Voici la démonstration que fait alors le journaliste d’Umuco :

« En principe, la loi régissant les partis politique au Rwanda n’autorise pas ceux-ci de travailler en toute liberté, rencontrer les militants au niveau des districts, des secteurs, et des cellules. Ce que fait pourtant le FPR qui opère dans tous les secteurs de l’administration, du haut niveau à la base. Ses représentants organisent des réunions jusqu’à la cellule...Nous avons voulu en savoir davantage et avons constaté que tous les dirigeants des districts et villes sont du FPR, de même que les coordinateurs de secteurs et les chefs de cellules, mais ces derniers ne peuvent pas parler au nom du parti. Et c’est justement cela qui fait dire à certains que le FPR phagocyte d’autres partis, car, lui il a toute la latitude de travailler alors que d’autres ont des limites que leur impose la loi…Et c’est cette liberté qui lui permet de faire du commerce grâce à ses agents qui octroient des marchés à des sociétés dans lesquelles il ( le FPR) est actionnaire majoritaire…Les sociétés souvent citées sont : NPD-COTRACO,MTN, TRISTAR,BCDI, AGROCOF, RWANDAMETAL,INTERSEC, Intercontinental, Hôtel Akagera, Hôtel Sun Kivu… Il nous a été impossible de joindre le secrétariat général du FPR pour des commentaires à ce sujet… »
L’auteur de l’article conclut en disant que les autres formations politiques n’existent que de nom. Elles maquent de tout : ossature politique, idéologique et financière.

« Il va donc sans dire que si les autres partis ne peuvent pas opérer librement, si leurs militants n’ont pas accès aux marchés publics, s’il ne leur est pas permis de percevoir des aides étrangères, alors ils existeront toujours de nom. Étant donné qu’ils sont tous pauvres, leurs militants les quittent et passent en masse au FPR qui a le pouvoir et la parole, mais ils restent tout de même cachés au PSD, au PL et au PDC…Cela veut dire aussi que ces partis n’ont aucune influence, ce sont des bénis oui oui du FP ! En fait, le Forum des partis n’est qu’une plate-forme qui permet au FPR de donner des ordres aux autres partis…Ici au pays, si les décideurs ne veulent pas permettre à tous les acteurs politiques d’avoir le droit à la parole, si la justice reste sous l’aile du parti au pouvoir, si la corruption et les injustices demeurent, si les gens continuent à être privés de parole, c’est sûr que l’on fera face à de grands problèmes dans l’avenir ! »
Triste que ce confrère parle au nom des acteurs politiques qui, eux, jusqu’ici, n’ont jamais déclaré publiquement qu’ils sont lésés par le système. La liberté d’expression ça ne se quémande pas, ça s’acquiert parfois chèrement, et cela s’appelle mener un combat politique. C’est d’ailleurs l’avis de Niyonteze Emmanuel du journal Umuseso qui écrit : « Moi même je reconnais que le FPR a tendance à ne pas tenir en compte, à banaliser même les désirs de ses opposants…Mais il faut également que les acteurs politiques rwandais présentent leurs propres projets politiques sans demander l’avis du FPR, comme le montre le cadre idéologique de chaque parti, fût-ce PPC, PSD, ou PL. Ce n’est pas nécessaire que tout en reconnaissant le pouvoir en place on soit d ‘accord sur tout…Cela s’est déjà vérifié ailleurs. Jamais un régime n’offre sur un plateau de platine l’espace politique requis, c’est à ceux qui se sentent lésés de faire tout pour l’obtenir. Jamais le Président Mugabe n’est venu dire au MDC que l’espace politique est là, qu’il peut l’exploiter comme il veut…même si ce parti travaille dans des conditions difficiles, ses dirigeants ont décidé de rester au pays pour critiquer les abus qu’ils voient chaque jour… »
Le journaliste donne ensuite l’exemple de Kizza Besigye qui est revenu au pays tout en étant au courant des menaces qui pesaient contre lui, de l’éternel opposant congolais, Etienne Tchisekedi qui, ces dernières décennies, n’a rien perdu de sa pensée d’homme politique ayant une vision pour son pays.

« On peut s’interroger ici pourquoi les politiciens rwandais ne rentrent pas au pays. A y regarder de près, on constate qu’il y a deux raisons principales : certains ont laissé une mauvaise image, car ayant aussi été au pouvoir pendant des années…D’autres sont pauvres et n’ont pas les moyens de faire de la politique à haut niveau, car pour mieux faire la politique, il faut avoir des moyens financiers suffisants. Valens Kajeguhakwa en avait mais il s’est impliqué dans des affaires un peu louches… »

Encore faut-il dire que les écuries politiques rwandaises, pour qui le confrère d’Umuco réclamait plus d’espace d’expression, clarifient leurs programmes politiques, leurs idéologies, et qu’elles les mettent en œuvre. Tout récemment, un journaliste de Rushyashya a demandé au président du PSR le point de vue de son parti sur les mutations administratives en cours et s’est fait répondre que le parti ne s’est pas encore réuni pour prendre telle ou telle position. Écœurant, n’est-ce pas ! En définitive, ne faut-il pas dire que si le FPR fait son travail, c’est au autres aussi de faire le leur, et de la bonne manière.



NDJ
Le Lieutenant dissident, Abdoul Ruzibiza, marque des points insolents
Le débat fait autour du contenu du livre de cet ancien militaire de l’APR (Armée Patriotique Rwandaise), aujourd’hui RDF (Rwandese Defence Force), et diffusé par la BBC- Imvo n’Imvano- le 19 novembre dernier, alimente des commentaires des plus extravagants. Deux camps sont ouverts et s’affrontent. Les hautes sommités des Ex FAR (Forces Armées Rwandaises) élèvent la voix, tel le général Léonidas Rusatira qui salue « le courage de ce jeune officier qui se démarque du camp qui était le sien » (entendez le camp Tutsi !). « Ruzibiza, représentant des Tutsi qui n’ont pas honte de leur ethnie, conforte les hutu qui n’ont pas peur de leur ethnie aussi, dans leur attitude positive, dans leur refus du radicalisme destructeur. Le livre du jeune lieutenant Ruzibiza est un rayon d’espoir pour tous les Rwandais de bonne volonté et libres de tout extrémisme qui veulent absolument un régime exclusivement tutsi ou hutu’, écrit le général sur le net en réaction au débat très nourri. Mais le général exilé ne veut pas se départir de la politique de la balkanisation ethnique chère au courant néocolonialiste et à l’ IDC ( l’International Démocrate Chrétien). Ce qui est intéressant dans tout ceci c’est que les Rwandais entament une autre étape de la critique thérapeutique de leur Histoire. Le défoulement par l’écriture est nouveau, il doit indubitablement susciter un tollé de protestations orales. On fait tout pour faire taire ce mode communication afin d’enfourcher l’oralité chère au Rwandais de la rue et même au politicien. Pourtant, le pauvre Ruzibiza, avec son livre, Rwanda : Histoire secrète , paru en octobre 2005, se positionne en tribun des rescapés tutsi. Ceux-ci ne comprennent rien à l’art de mener les guerres et croient à l’humanisme de celles-ci, un humanisme qui veut qu’il faut d’abord sauver les vies humaines avant toute autre chose. La stratégie militaire, elle, est froide. En réaction au livre de Ruzibiza qui prête tous les maux au FPR qui « n’a cherché qu’à capturer le pouvoir en 1994 au lieu de concentrer ses efforts à sauver les tutsi que les hutu génocidaient à bouche-que veux-tu ». Le conseiller en communication du Secrétariat général du FPR, Servilien Sebasoni, inonde le net avec ses observations. On se rend compte que loin de défendre l’entreprise, il ne fait que rationnellement la comprendre pendant que Ruzibiza ne témoigne qu’un sentiment de rejet, de désolation face au côté macabre de la guerre qui a culminé dans le génocide d’une part, et dans la prise du pouvoir en 1994, de l’autre. « Ruzibiza ne conteste pas que la guerre entreprise par le FPR contre le régime ethniste de Habyarimana était nécessaire. Il se demande, il est vrai (p.88), si le FPR devait prendre la décision d’attaquer le Rwanda » Sur cette question, Ruzibiza oscille constamment entre la forte conviction que oui, et l’hésitation, après coup, devant les atrocités de la guerre. Au départ, il admet qu’il s’agissait de reconquérir une patrie où « les tutsi avaient moins de droits qu’un expatrié dans leur propre pays »(p.80), où les tutsi, « étrangers dans leur propre pays », étaient des « valets soumis par la force des armes (p.89). Plus loin, le conseiller en communication du FPR fait montre d’une froideur machiavélique dans son raisonnement, ce qui est tout le dépit du sentimental Ruzibiza : « Une armée de libération n’est pas une sorte de Croix Rouge qui accourt au secours des victimes à tout instant, et partout. Elle n’est pas non plus une ONG humanitaire, comme l’aurait voulu Ruzibiza pour l’APR. L’armée de libération ne pouvait pas tout faire, elle privilégie les solutions durables… » Ce qui attire les foudres sur le jeune militaire dissident, c’est qu’il fait endosser à l’APR des actes et des comportements criminels proches des crimes de génocide. Comment voulez-vous ? Dans cette Europe-là, il faut qu’il vende son produit. Ainsi, à la BBC- Imvo n’Imvano- du 19 novembre, il fait des révélations ahurissantes et des altercations fracassantes avec Sebasoni Servilien. Ruzibiza : « Je ne soutiens pas les thèses de double-génocide. Néanmoins, sur leur passage, les militaires de l’APR commettaient des massacres de hutu, après avoir abattu l’avion du président Habyarimana… » Sebasoni : « Pour les Inkotanyi, il n’y avait pas d’intérêt à abattre l’avion du président Habyarimana surtout que les négociations d’Arusha avaient accouché d’un accord de paix et que les institutions de la transitions allaient se mettre en place…Dire que les Inkotanyi ont commis des massacres visant les hutu…, comment concevoir ceci alors que nous avons sauvé des vies… ? » Ruzibiza : « En visant une ethnie, et en tuant indistinctement hommes, femmes et enfants, les inkotanyi avaient des groupes spécialisés pour cette tâche. A Bwisige, Giti et Buyoga (province de Byumba), ils tuaient sans distinctions, hommes, femmes et enfants. Dans mon livre, je cible 105 endroits différents où de tels crimes ont été commis. » The New Times du 21 au 22 novembre, quant à lui, brosse le parcours de ce jeune dissident qui, de l’occident, tente une passe difficilement négociable de laisser les Rwandais consommer leur Histoire difficile à gober, mais aussi une Histoire pour laquelle il est difficile de rassembler les preuves et les évidences de par leur caractère fermé. Le journal rapporte les déclarations du chef d’Etat major général des armées alors qu’il adressait son mot d’adieu à quelques 250 militaires rwandais envoyés au Soudan pour assurer la sécurité des agents de l’ONU en tant que casques bleus. Pour le général James Kabarebe, d’après The New Times, « Le lieutenant Abdoul Ruzibiza était un lâche et un paresseux durant tout le temps qu’il a passé dans l’APR. Il le fut, il le reste et le restera pour toujours. Nous le connaissons bien ainsi. Il était un soldat fou et doit l’être encore avec ce qu’il est en train de raconter au sujet d’un pays organisé comme le Rwanda. Nous sommes prêts à contrer ses atermoiements et personne ne doit être inquiétés par ses plaintes…A ceux-là qui lui donnent un espace radiophonique, ils devraient d’abord lui conseiller d’aller consulter un médecin…parce qu’il est fou. Il a pris le dessus sur un vieil homme (Servilien Sebasoni) qui n’était complètement pas au courant de l’histoire de ce militaire, qui ne savait rien de son background et qui ne comprenait pas l’ampleur de sa capacité de nuisance contre le Rwanda. » Ah ! Parole de militaire ! L’institution militaire est le même partout au monde. On n’aime pas du tout le « mauvais soldat » qui s’improvise écrivaillon surtout quand il a des « nègres » Français pour lui confectionner un livre aux relents peu respectueux du régime en place. Entre temps, The New Times se permet de brosser le portrait de ce loquace officier dissident. C’est de bonne guerre : « Selon les archives des RDF,…Ruzibiza a rejoint l’APR en 1990. Il a travaillé comme infirmier au Bataillon Yankee, puis au 59è bataillon…Contrairement aux déclaration de Ruzibiza, les données disponibles au bureau du personnel des RDF indiquent que durant la grande campagne de l’APR en 1994, la compagnie H dans laquelle il servait est restée à Kisaro, que Ruzibiza n’a jamais fait partie du 3è Bataillon qui était stationné au CND… » Les propos du général des RDF visent à montrer que Ruzibiza n’est pas mieux placé pour dire qu’il a vu ledit missile qui aurait abattu l’avion du Président Habyarimana. Le journal montre par la suite que le jeune officier a détourné 3 millions de Frws (6 000$) de solde des militaires et qu’il a fait une année en taule, puis relâché pour « manque de faits l’incriminant ». « Le général James Kabarebe a également dit que Ruzibiza est en liaison avec des groupes comme le FDLR-Igihango et des individus comme le major Emmanuel Munyaruguru et le col Ntibitura, tous ex officiers des FAR… » Les FDLR soucieux de se muer en parti politique Très curieusement, le jeune officier comprend que les FDLR sont une structure qui pourrait se tailler un espace politique au Rwanda. Cela apparaît dans le communiqué de ce mouvement publié le 18 novembre 2005 et montrant son nouvel organigramme. Il est libellé comme suit : « Les FDLR portent à la connaissance de l’opinion internationale, congolaise et rwandaise qu’elles ont amorcé le rapatriement volontaire des combattants et des réfugiés rwandais vivant en RDC et ce, conformément aux engagements pris à Rome le 31 mars 2005. Les rapatriements entamés le 12 octobre 2005 reflètent la bonne volonté et la détermination des FDLR d’œuvrer avec la communauté internationale au retour complet et définitif de la paix et la stabilité dans la région des grands lacs. Le succès du retour complet dépend entièrement de la volonté du régime de Kigali qui doit s’exprimer ouvertement, sans équivoque, sur les mesures de sécurité minimales réclamées par les FDLR…Par cette occasion, les FDLR tiennent à informe la communauté internationale et les médias que le comité directeur d’urgence mis en place le 31 juillet 2005 à Lubero termine son mandat. Le nouveau leadership est composé, entre autre de : Président : Lt Col Christophe HAKIZABERA1er Vice Président : Emmanuel HAKIZIMANACommandant des forces : Gén de Brig Séraphin BIZIMUNGU Secrétaire exécutif : KARASIRA Benoît Commissaire aux affaires politiques : NGABO ÉricCommissaire à l’information et porte -parole : Joseph MUKASA Le communiqué est signé à Paris, ce qui veut dire grand-chose, surtout qu’entre Lubero et Paris, le chemin est trop long, même à vol d’oiseau !

NDJ


Que peut-on attendre du rapport de l’Auditeur général ?

Peut-être peut-on s’attendre à de nettes améliorations dans la gestion de la chose publique pour l’année 2004, parce que le rapport de l’Auditeur général qui sera bientôt soumis aux deux chambres du Parlement sera consacré, non pas à l’année en cours, mais à celle déjà écoulée.

« …Augustin Habineza, le directeur de la documentation et de la communication au Parlement a confirmé à The New Times , ce jeudi, la date de présentation de ce rapport. Kamagaju (l’Auditeur général) a, elle, déclaré être prête pour présenter ce qui sera son deuxième rapport après Gervais Ntaganda. Elle a néanmoins refusé de parler du contenu en disant que ce serait contraire à la loi. Les observateurs avisés attendent impatiemment ce rapport pour voir s’il remet sur la sellette les pratiques de mauvaise gestion caractérisant la plupart des responsables du gouvernement, comme le stipulaient les deux précédents rapports. Ces derniers révélaient en effet qu’une partie de l’argent du contribuable disparaissait dans les offres illégales des marchés publics, une pratique qui serait actuellement plus ou moins contenue… »,

rapporte The New Times du 18 au 20 octobre qui indique que les députés sont confiants quant à l’amélioration des conditions de gestion des deniers publics.

« Certains députés ont déclaré à The New Times qu’il doit y avoir une nette amélioration dans la gestion de l’argent du contribuable. Aaron Makuba a dit : ‘ C’est vrai, les précédents rapports révèlent une mauvaise gestion faite intentionnellement ou pas. Mais quand on y regarde avec un œil critique, on constate qu’il s’agit d’un manque de capacités. Aujourd’hui, j’ose espérer qu’il y a une nette amélioration étant donné que la pratique de l’audit est courante dans plusieurs services publics…’,

relève The New Times qui regrette cependant que le Parlement étudie encore le rapport de l’Auditeur général de l’année 2003 qui, à l’en croire, mettait en lumière les malversations financières constatées dans différentes ambassades et divers ministères.

« La lutte pour le développement doit dépasser le cadre des discours », affiche en manchette le très critique hebdomadaire Umuco dans sa parution du 15 au 28 novembre 2005. Selon ce journal, rien ne va plus, l’économie rwandaise va mal et ce sont les petits consommateurs- majoritaires dans le pays- qui en pâtissent.

« Très récemment, j’ai entendu des gens qui discutaient, très joyeux, que le Rwanda avait bénéficié du programme d’éradication de la dette initié par les institutions financières étrangères. Cela m’a fait un peu réfléchir. De toutes les façon, si le Rwanda a été choisi, c’est qu’il a été incapable de rembourser les créanciers. Et c’est ici que je me pose la question de savoir comment le pays n’a pas pu payer alors que, chaque fois, les autorités gouvernementales disent que l’économie va bien. En outre, si le Rwanda a vu sa dette effacée, c’est qu’elle remplissait certaines conditions, comme la bonne gouvernance, la bonne gestion de la chose publique et un bon programme de lutte contre la pauvreté. En y regardant de près, on se demande si réellement les deniers publics sont biens gérés. On constate même que personne ne contrôle la propriété publique, que la bonne gouvernance ne fait pas l’unanimité et que la lutte contre la pauvreté n’est qu’un vœu pieux… »

Et le confrère d’Umuco ne s’arrête pas là. La misère siffle sur les collines, et il le crie haut et fort.

« Depuis qu’on parle du programme de lutte contre la pauvreté, les Rwandais s’appauvrissent de plus en plus. La majorité d’entre eux vivent dans des conditions misérables…durant ces dix dernières années, les prix se sont multipliés par dix, voire même plus. Au même moment, le pouvoir d’achat n’a cessé de baisser…Tout cela n’intéresse personne, on pense au peuple quand la période électorale approche…Je ne sais pas si les dirigeants se rappellent qu’un paysan peut gagner à peine 300Frws par jour et que cet argent ne peut pas lui permettre d’acheter un kilo de sucre ou d’envoyer son enfant à l’école…A quoi servent ces 300Frs ?… les paysans n’ont aucune perspective d’avenir. Les campagnes sont très pauvres et la situation s’empire au jour le jour… »

Imiter le gouvernement burundais, jugé très « socialiste » !

De l’avis même du journal Umuco, les pays voisins comme le Burundi et l’Ouganda se soucient mieux du quotidien de leurs populations.

« Tenez par exemple, les gens se demandent pourquoi les prix sur le marché local ne cessent de monter alors que c’est le contraire dans les pays voisins comme le Congo, Tanzanie, Ouganda, et même le Burundi qui vient de passer des années en guerre. Les responsables politiques Ougandais se soucient beaucoup mieux du quotidien de leurs populations. Juste au sortir d’une guerre de plus de dix ans, ils viennent de supprimer la taxe de 160 FrBu prélevée sur 1 litre de carburant. Et cela n’empêche pas l’économie de tourner. Quand le prix du carburant baisse, les autres baissent aussi…Ainsi, les Rwandais achètent tout à des prix élevés, raison pour laquelle ils ne peuvent ni faire l’épargne, ni avoir accès aux crédits bancaires… »

Socialisants, nos pays le furent au lendemain des indépendances et durant la période du monopartisme. Mais qu’en ont tiré les peuples si ce n’est encore plus de misère- l’exemple tanzanien est là pour nous prouver que l’après-socialisme est aussi difficile à gérer que le socialisme lui-même. Aujourd’hui, l’heure est au libéralisme ‘ sauvage’ qui ‘libère’ les riches, et laisse à la traîne les pauvres ! Le quel des deux choisir ? …Celui que l’Occident et les institutions de Bretton Woods nous imposeront, parce que sont eux qui décident ! Dommage.

« Nous n’avons pas besoin de recherches (scientifiques) pour savoir que nous sommes pauvres », tel est le titre que l’on trouve dans The Nation, le quotidien kenyan. Le confrère kenyan est d’avis que la misère est une réalité vécue au quotidien, qu’il ne faut pas aller chercher les solutions ailleurs que dans les rues et les ménages de ce pays.

« …en d’autres termes, pas de travail, pas d’argent ; pas de biens, pas de services. C’est le cas ici…Nous n’avons pas besoin que des recherches soient menées pour le comprendre. On fait des recherches sur des sujets jusque là inexploités ou pas du tout clairs. Mais ici, rien qu’à regarder les gens dans les rues, vous pouvez tirer les conclusions nécessaires. Les statistiques ne servent à rien au Kenya si on ne nous montre pas les vraies causes de la pauvreté et comment l’éradiquer. Ça ne sert à rien de savoir que vous êtes malade tout en ignorant le mal qui vous ronge et comment l’arrêter. C’est cela qui se passe dans notre pays… »

N.B.
Où est le porte-parole du gouvernement ? Le peuple a le droit de savoir !

Pourquoi toujours pratiquer la politique du ‘no comment’ alors que le peuple a droit de savoir ce qui se passe là haut, au sommet du pouvoir ? C’est la question de la semaine dans The New Times. Le journal se plaint ainsi que depuis que l’on a commencé à parler de la démission de plusieurs maires de district de la ville de Kigali, les confrères ont buté sur un véritable mur de silence. Personne ne voulait rien dire. ‘No comment’ ! Comme si les milliers d’électeurs qui se déplacent pour aller élire leur conseils municipaux n’ont aucun droit de savoir ce que l’exécutif fait d’eux.

« Pourquoi le gouvernement traite ainsi les médias ?, interroge The New Times du 21 au 22 novembre. J’ai été particulièrement choqué par ce qui s’est passé quand certains maires de district ont été démis de leurs fonctions…C’était surprenant d’entendre, de la part des cinq maires concernés, une seule et même réponse : ‘No comment…Je n’en sais rien…’ Pire encore, même le ministre de tutelle a choisi de ne rien dire, il a plutôt préféré nier vigoureusement tout ce qui se disait. Ici, il y a lieu de se demander pourquoi une telle information doit être ainsi gardé au secret. De toutes les façons, le public a droit de savoir, par n’importe quel moyen. Qui ignore aujourd’hui que les cinq maires ne sont plus en service ?…C’est vrai que le gouvernement communique avec la population de différentes façons…Mais, parfois, l’information est gardée au secret. C’est surtout lorsqu’elle ne sert pas l’autorité qui la livre. Souvent aussi, aucune raison ne peut justifier ces agissements. Le ministre de l’information, Laurent Nkusi devrait faire en sorte que la libération de l’information soit coordonnée…L’officiel qui livre l’information ne doit pas être un simple messager, mais une personnalité qui a de l’autorité. Cette personnalité doit répondre aux attentes des médias, ne pas agir comme un robot… »

Frustration ! The New Times indique ainsi que les professionnels des médias sont frustrés par ce verrou qui les empêche d’avoir accès à l’information dans les hautes sphères du pouvoir. Et si certains confrères écrivaient du « n’importe quoi » parce qu’il leur est impossible de recouper leurs sources ?

« La vraie frustration des journalistes vient du fait que le secret prévaut toujours en ce qui concerne les informations en provenance des services du gouvernement…Le gouvernement et les médias doivent se placer dans une relation de complémentarité. Les médias ne sont pas là pour saboter l’action gouvernementale…De l’autre côté, le ministre de l’information a l’obligation d’harmoniser ses réactions et éclaircir ses activités et sa politique. Cela peut aider à réduire la cacophonie actuelle… »

Mais il s’agit de savoir justement qui est le porte-parole du gouvernement. Seraient-ce les conseillers du Président ? Le directeur de l’orinfor ou le ministre de l’information dont les sorties sont si rares ?…Qui alors ? Qui détient l’information d’en haut et qui peut en parler sans crainte de rendre des comptes demain ?

« Il va sans dire que le pays ne peut pas atteindre ses objectifs de la vision 2020 si tout est secret. Le gouvernement a besoin des médias pour atteindre ses objectifs. Le penseur anglais Edmund Burke n’avait-il pas raison en parlant de ‘quatrième pouvoir’ pour qualifier les médias ? Les ministres doivent prêcher par l’exemple. Ceux qui les regardent travailler apprendront d’eux… »

Frustration des journalistes, mais aussi déception du public vis à vis des ténors du régime, sortis du maquis il y une décennie, mais qui tardent à apprendre la règle la plus élémentaire de la démocratie : la communication ! A l’heure où chaque membre du gouvernement ne jure que par les nouvelles technologies de l’information, ils doivent savoir que le meilleur moyen de communication du dirigeant avec le peuple se fait par la parole, une parole prononcée en temps opportun, pas un ou deux mois après les faits.

La crédibilité du Haut Conseil de la presse (HCP) remise en doute

Depuis quelques mois, la plupart des confrères de la presse privée ne cachent plus leur hostilité à l’égard du haut conseil de la presse qui, à les entendre, ne fait rien pour eux si ce n’est rouler pour le pouvoir et les services de sécurité. L’accusation la plus grave vient du journal Umuseso et The Newsline qui ne sont visiblement pas d’accord avec le récent rapport publié par le HCP. « Nous condamnons ce qui a été publié par le Haut Conseil de la Presse », titre en une Umuseso.

« Ce rapport ne contient que des mensonges. Les membres du Haut conseil sont allés collecter les idées et les désirs des dirigeants de ce pays pour calomnier les journalistes et enfin préserver leur propre image. Dans le dit rapport, ils ont approché le chef adjoint des renseignements militaires, le major Kakira Rwakabi, son patron, le major(sic !) Jack Musemakweri et l’ex chargé des renseignements dans la police nationale, Emmanuel Bayingana et d’autres encore pour rassembler ce qu’ils ont ensuite présenté comme rapport du HCP. La plupart de ces conclusions ne sont que purs mensonges ! Par exemple, le major Kakira nie que des journalistes d’Umuseso ont été détenus au DMI alors qu’il le sait bien en dépit du fait même que, à l’époque, il était affecté ailleurs ! Ils n’ont jamais interrogé ceux qui ont emprisonné ces journalistes, sachant que lui même reconnaît qu’il n’était pas encore là. Ils ont fait table rase des problèmes que le journal a toujours eu avec Gacinya, alors qu’ils en ont souvent discuté avec Charles Kabonero. Le procureur militaire, lui, a fait front commun avec le propriétaire de l’hôtel Sky pour affirmer que les journalistes d’Umuseso qui ont été attaqués et blessés au couteau n’étaient que des soûlards qui se sont battus avec d’autres comme eux… »

Ailleurs, Umuseso publie justement les photos de ses deux journalistes, Rwango Kadafi et Mugisha Furaha, torses nus, avec des traces visibles de coups de couteaux. Le journal rappelle ensuite les noms d’autres journalistes qui ont dû s’exiler de peur d’être abattus. L’hebdomadaire The Newsline pour sa part s’interroge pourquoi un rapport sur la presse rwandaise est devenu un réquisitoire contre Umuseso.

« Ce qui m’a étonné c’est que le rapport ne parle que du journal Umuseso excepté le cas de Patrice Nsengiyumva et Bonaventure Bizumuremyi du journal Umuco. Pourtant, le rapport avait pour titre ‘Rapport sur les problèmes des médias au Rwanda’. Non seulement le rapport ne parle que d’Umuseso, il évoque en passant les cas des journaux saisis, des journalistes maltraités…Les problèmes de la presse rwandaise se limitent-ils seulement au journal Umuseso ou aux journalistes malmenés ? Que dire du manque de capacité en termes de ressources ? Que dire du manque de journalistes professionnels ? Que dire de l’absence de la presse écrite ? Que dire aussi du fait que l’on différencie presse privée et presse publique par le fait que la première est jugée ‘anti-gouvernement’ ? Et que fait le HCP des doléances que lui présentent les organes de presse et quelles sont les solutions proposées ?…Comment voulez-vous que ce rapport bénéficie à la presse dans son ensemble ?… »

Un bras de fer entre ces confrères et le Haut Conseil de la Presse qui perdure donc et qui traduit une crise de confiance entre les professionnels des médias et ceux qui sont censés être là pour leur faciliter la tâche. Si ces derniers sont accusés de parti pris pour le pouvoir – peut-être pour sauver leur pain quotidien-, les premiers font-ils correctement leur travail ? Assurément pas ! Charles Kabonera ne dit-il pas, dans The Newsline ,que le Rwanda souffre d’un manque criant de journalistes professionnels ?

« Les médias rwandais sont libres », tel est le titre que l’on trouve dans l’hebdomadaire kenyan The East African de la semaine du 7 au 13 novembre. Oscar Kimanuka, auteur de l’article, écrit :

« Beaucoup de Rwandais sont surpris d’apprendre que le ‘Global Press report’, a classé le Rwanda, pour l’année 2005, 122è sur 167 pays cotés. Le fait est que le pays compte 37 organes de presse tous nés après 1994…La naissance des stations radio au Rwanda a suscité bien de commentaires tout en mettant à la surface le débat sur le rôle des médias dans le Rwanda post génocide…’

Dommage que ce compatriote qui a la chance de s’exprimer, chaque semaine, dans les colonnes de ce prestigieux hebdomadaire kenyan ne va pas plus loin dans son analyse. C’est de bon de clamer haut et fort que les médias sont libres (!) au pays des mille colline, mais encore faut-il être complet et dire qu’ils font face à des contraintes et des défis immenses.




N.B
Revue Hebdomadaire de la Presse Rwandaise
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R W A N D A

La revue hebdomadaire de la presse
rwandaise
N° 203 du 8 au 15 novembre 2005
Les Points Focaux

Éditorial

Des urnes et non des armes

Très récemment, un ambassadeur européen, en fin de mandat en Ouganda, déclarait aux confrères de ce pays, nous citons : « …l’Ouganda a un peuple travailleur, de beaux paysages et sa capitale est en train de devenir l’une des grandes mégapoles du continent africain,…mais je n’ai jamais compris pourquoi les Ougandais doivent prendre les armes pour réclamer leurs droits politiques… ». A entendre les déclarations de guerre du RPR, on pourrait parler d ‘effet domino, car, par les temps qui courent, ce qui est à la mode dans les rues de Kampala, l’est aussi à Kigali. Mais alors, ce qui est bon pour les voisins ougandais, l’est-il nécessairement pour d’autres ? Il faut tout de même rappeler que, de tout temps, la guerre a toujours été le résultat d’un grand échec politique.

Un espace politique pour une opposition qui vit dans l’hémisphère nord ! ?

La LDGL et certains confrères locaux soutiennent qu’il faut ouvrir les grandes portes de l’arène politique rwandaise, libérer la parole. Mais, pour qui ?, parce que ceux qui réclament cette parole sont des abonnés absents, ont encore quelques jobs à faire sur le vieux continent ! Bon ! du moment que la classe politique locale se contente de ce qu’elle a, que voulez-vous ! Autant la classe dirigeante actuelle ferait mieux de prendre des cours du soirs sur la Démocratie, autant l’opposition rwandaise a encore à apprendre du métier d’opposant. Les raccourcis guerriers sont souvent sans issue. Umuseso le confirme d’ailleurs, lui qui avertit les va-t-en-guerre de tout acabit que le FPR a encore toute sa force – politique et militaire- pour faire face à toute tentative de rébellion. Que donc, toutes les voies n’ont pas encore été visitées pour faire tonner les armes. Au fond, il s’agit de dire à ceux optent pour la solution militaire que le pouvoir, sous nos cieux, est comme un arbre fruitier dont il faut attendre que les fruits atteignent leur maturité pour les cueillir trop mûrs. Peut-être attendre aussi qu’ils tombent d’eux-mêmes. C’est plus facile et c’est moins coûteux en vies humaines.

« Je démissionne pour raisons personnelles… »

Depuis des mois, on s’habitue tant bien que mal à cette façon trop politicienne, mais moins démocratique, de couvrir un départ forcé. Un maire de la ville de Gisenyi à qui le conseil municipal a demandé, en début de semaine, de dévoiler publiquement ces « raisons personnelles » n’a rien voulu dire, comme si, vous vous en doutez, raison personnelle signifie aussi « secret de polichinelle ». Il est temps que nos élus sachent désormais rendre, d’abord, des comptes aux électeurs ; il ne revient pas à l’exécutif de prendre les devants. Les élus ont le devoir de révéler à ceux qui leur ont fait ce qu’ils sont les raisons de leur départ. Ça se passe comme ça en démocratie. Dans ces cas précis, le peuple n’a pas besoin d’euphémisme, de sous-entendus,…, le linge sale ne se lave pas au Forum des partis ou à la Permanence du FPR, il se lave en public. C’est cela le prix de la démocratie. Et c’est entre autres pour cette raison que dans l’avenir les Rwandais iront aux Urnes, la tête haute, et non aux Armes.
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Ces maires des districts de la ville de Kigali priés de prendre la porte

Que la presse se fasse l’échos des cas des maires de districts de la capitale qui seront bientôt priés – poliment- de démissionner, quoi de plus normal ! Seulement, cela se passe quelques jours après la visite du Président Kagame dans la mairie de Kigali, et cela pousse à plus d’amples éclaircissements. Umuseso et The Newsline en ont ainsi fait leur Une cette semaine. « Ils ont été forcés de démissionner », annonce le premier en manchette. « Cinq maires obligés de démissionner !, titre le second. Les deux confrères précisent que les cinq maires sont essentiellement « coupables » d’avoir privé le Président d’un bain de foule digne de l’élu d’il y a deux ans, très bien élu d’ailleurs.

« Des sources fiables ont révélé à The newsline que cinq maires de district de la ville de Kigali ont été forcés de démissionner la semaine dernière , même si les hauts membres du gouvernement refusent jusque là de le reconnaître. Les mêmes sources ajoutent que les cinq maires sont Augustin Kampayana, du district de Nyarugenge, Kanamugire Callixte de Kacyiru, Jean Paul Kinyango de Butamwa, Kabera de Gikondo, et Kayinemeryo Théogène. Ils ont tous été forcés de démissionner par le secrétariat du FPR. Et cette décision fait suite à la récente visite du président Kagame… », écrit The Newsline

Ils avaient pourtant promis au Président un bain de foule comme celui d’il y a deux ans –lors de la période électorale- mais en vain, ce qui aurait irrité les Ténors du parti au pouvoir.

« Comme l’indiquent de hautes personnalités qui ont requis l’anonymat, quand le Président Kagame a accepté de visiter la mairie de Kigali, le maire de la ville de Kigali a organisé une rencontre de préparation de la visite avec différents services de l’Etat comme la police, les services de sécurité et certains fonctionnaires de la présidence de la république. Lors de la réunion, tous les participants ont convenu de faire de leur mieux, chacun en ce qui le concerne. Les maires des districts ont fait savoir qu’ils amèneront des foules à chaque passage du Président. Un des participants à la réunion a révélé au journal Umuseso que la majorité des maires de district ont déclaré, en substance : ‘ Nous ferons la mobilisation nécessaire de telle sorte que les gens répondront présent comme à l’époque de la campagne électorale.’ Ils ont même demandé aux services de sécurité de ne pas procéder à trop de fouilles pour permettre à un grand nombre de personnes d’entrer au stade. Mais le jour venu, alors que l’arrivée du Président était prévue à 11 heures, il n’y avait que quelques personnes au stade à neuf heures. Et les services de sécurité avaient déjà fait leur rapport disant que la population n’a pas été informée ! Autre chose encore, les maires n’avaient pas pu arrêter les autres activités dans leur circonscription pour dire ensuite aux gens d’aller à la rencontre du Président… »


rapporte Umuseso ajoutant que cet état de fait a suscité le courroux du Secrétaire général du FPR qui a ordonné aux maires « d’aller amener les gens ». Ordre militaire, direz-vous ! Peut-être pas, mais cela y ressemble étrangement. Car, comme l’écrivent Umuseso et The Newsline, aussitôt dit, aussitôt fait. On a immobilisé des bus de l’ONTRACOM qui devraient transporter, normalement, les passagers vers l’intérieur du pays, pour cette noble tâche.
Ainsi, sauf changement de dernière minute, les cinq maires tomberont en disgrâce, sans même qu’on tienne compte du fait que les élections communale sont prévues dans moins de six mois. Comme quoi, qui aime bien châtie bien.

« Parmi ceux qui seront bientôt appelés à démissionner, il y a le vice maire de la ville de Kigali, Antoine Semukanya, chargé du sport et de la jeunesse qui, lui, aussi, est accusé de n’avoir rien fait pour amener des gens au stade. Quand nous lui avons demandé au téléphone s’il en savait quelque chose, il a répondu : ‘ …lorsque les gens commencent à dire des choses, c’est que le processus est déjà engagé…’ »

Un aveu donc- à peine voilé -que ces maires sont désormais assis sur des chaises éjectables. Il reste seulement à savoir si la raison invoquée est suffisante pour mériter une démission, ou si ce n’est pas la face visible de l’iceberg. Autre remarque à faire aussi c’est que messieurs (et mesdames) les maires sont, en démocratie, des élus du peuple, qu’il devrait être le premier (le peuple donc) à exiger leur départ, non l’exécutif. Pourquoi ne pas habituer les électeurs à prendre leurs propres responsabilités en pareils cas, au lieu de toujours décider à leur place ?

« Contradictions » internes au FPR ou dures Réalités du pouvoir ?

En titrant sur sa première page : « Le FPR a une politique ‘contradictoire’ (le mot est écrit en français) » , le journal Rushyashya veut faire comprendre à ses lecteurs qu’en disant, d’une part qu’il a arrêté le génocide et, d’autre part, en mettant sur ses listes d’honneur ceux qu’il (notre confrère) appelle des génocidaires, le parti au pouvoir se trouve devant une énorme et inexcusable contradiction. Pour lui,


« cette mauvaise politique du FPR peut continuer à traumatiser les rescapés du génocide qui en deviendraient tous fous. Ces hauts dignitaires génocidaires détiennent désormais, et le pouvoir politique, et le pouvoir économique, car disposant de gros salaires et ayant un accès facile aux crédits, alors mêmes que les orphelins et les veuves du génocide vivent dans les conditions misérables…Difficile donc d’aller dire à ces miséreux que vous avez arrêté le génocide alors que vous continuer à nourrir ceux qui l’ont perpétré ! Voilà la vraie contradiction qui caractérise la politique du FPR… »

Le confrère qui joue aisément au jeu dangereux de la globalisation tire, tout de même, quelques figures politiques du lot. C’est l’exemple de la Sénateur Ayinkamiye que le journal accuse d’extrémisme hutu, elle « qui a chassé tous les Tutsi qui travaillaient à la Banque populaire » et dont le propre frère « s’est illustré dans les récents assassinats des rescapés du génocide de Kaduha »!

« Ce frère d’Ayinkamiye a été abattu par la police alors qu’il tentait de fuir. Il a commis tous ces forfaits alors que sa sœur venait d’hériter d’une place de sénateur. Dites donc comment les conseils qu’elle n’a pas pu donner au frère de sang, elle ira les donner à Kagame ? Tout cela, tout le monde le dit mais en cachette pour ne pas être taxé d’extrémisme. Voilà les dirigeants qui représentent actuellement le peuple. Ceux là même qui n’ont aucune leçon à donner, qui ne peuvent pas faire passer les programmes du gouvernement, comme l’unité et la réconciliation, aux bas niveaux … »

Le journal propose ainsi un vrai débat sur des questions aussi cruciales pour l’avenir de ce pays.

« Que les dirigeants actuels sachent que le Rwanda se construira sur des critiques sérieuses et non sur des haines contenues dans le cœur des gens. L’on ne doit pas se fâcher parce que quelqu’un a parlé du FPR, parce qu’il a osé critiquer le FPR… »

En somme, le journal Rushyashya qui se positionne, avec passion !, comme le porte-parole des « miraculés » du génocide, réclame plus de liberté d’expression et la volonté politique des tenants du pouvoir. Il désapprouve ouvertement la real politique pratiquée par le FPR parfois avec sang-froid mais aussi avec maladresse.

Aux urnes on y ira,…aux armes, qui ira ?

Cette semaine, les confrères de la presse privée affirment à l’unisson que les conditions d’une nouvelle « guerre de libération » du Rwanda ne sont pas remplies. Autant, disent-ils, en octobre 1990 la guerre était inévitable, autant, aujourd’hui, rien ne peut justifier une rébellion armée. Mais, ils précisent que le pouvoir ne doit pas dormir sur ses lauriers, car il faudrait toujours veiller à ce que les conditions d’une guerre civile ne soient jamais réunies.

« En réalité, il faut dire que le pouvoir du FPR ne s’est pas affaibli au point que le RPR peut prétendre prendre les armes et gagner la guerre. Les adversaires du régime actuel réclament un espace politique plus élargi. C’est vrai qu’on ne peut pas attendre beaucoup d’une oppositions qui joue son jeu politique à l’étranger…mais encore faut-il dire que les idées (le mauvais rêve) du RPR ne doivent pas être balayées du revers de la main ; c’est aussi une belle occasion pour le FPR de faire l’autocritique nécessaire en essayant d’éviter tout ce qui peut causer la guerre civile… »,

relève Umuseso qui, ailleurs, revient sur la déclaration de la Ligue des Droits de la personne humaine dans la région des Grands Lacs (LDGL) qui appelle le gouvernement à ouvrir les grandes portes de l’arène politique rwandaise.

« La ligue a fait savoir que la naissance du RPR est la preuve de l’étroitesse de l’espace politique au Rwanda. La LDGL en profite pour rappeler au gouvernement rwandais qu’il faut favoriser les libertés politiques en évitant de maltraiter ou emprisonner les opposants. La ligue termine en disant que les pays de la région doivent désormais faire en sorte qu’aucun mouvement armé ne reçoive le soutien du voisin… »

La menace du RPR ne semble pas non plus inquiéter outre mesure les milieux intellectuels dans le pays, c’est en tout cas l’avis du même hebdomadaire. Tel est par exemple le point de vue d’un professeur d’une université locale :

« ‘Les époques sont différentes. A l’époque où le FPR a attaqué, c’était possible qu’un pays étranger lui accorde son soutien. Aujourd’hui, aucun pays africain ne peut soutenir ouvertement une rébellion. L’Ouganda ne peut plus le faire. Tous les yeux sont braqués sur le Congo-Kinshasa, personne ne peut rien faire impunément… Dire qu’ils ont des soutiens à l’intérieur du pays, sans qu’ils se manifestent ouvertement, cela montre qu’il n’ y en a pas. C’est peut être aussi vrai que les gens ne se rendent pas compte que les époques changent en même temps que les idées…’ »

Assez rassuré aussi, ce vieux qui l’avoue au même journal, Umuseso.

« ‘Le FPR a pu mener la guerre grâce au soutien qu’il recevait de toute la diaspora qui était dispersée partout dans le monde et qui avait un objectif commun. Les réfugiés voulaient tous rentrer au pays. Ils ont formé une grande union et une meilleure organisation qui leur permettait d’avoir des branches partout. Ce n’était pas facile du tout…Les Rwandais aujourd’hui éparpillés partout dans le monde y sont pour multiples et différentes raisons…Ils ne peuvent pas se battre pour un même idéal…’ »

Si le FPR a de plus en plus d’ennemis, comme l’écrit Kinyamateka, le bimensuel catholique dans sa parution de la fin du mois d’octobre, qui titre : « Ceux qui se battent contre le FPR se multiplient », il serait erroné de penser que ce puissant parti manque aussi d’alliés, essentiellement sur le plan national. Il s’agit pour ce cas précis de petits partis, comme le PSR, dont la direction se fait et se défait dans le dessein d’avoir une représentativité qui lui permette d’avoir sa part au gâteau du palais. Le journal Rushyashya parle, lui, « de coup d’Etat interne en vue de faire du PSR une branche du FPR ». ‘Faux’, rétorque jean Baptiste Rucibigango, nouveau président du PSR, et ancien du FPR, qui dit avoir quitté ce dernier pour des raisons idéologique, lui qui avoue n’avoir rien perdu de sa tendance gauchiste de la belle époque estudiantine. Logique donc qu’il soit tombé amoureux de PSR, le parti dit des travailleurs. Moins logique serait peut-être cette réclamation à cor et à cri d’une place au gouvernement car, une place au perchoir, cela se mérite, cela se cherche au fond de l’urne, auprès des militants- encore qu’il faut en avoir assez !.


« Dans le cadre du partage du pouvoir, le PSR a-t-il obtenu une place au gouvernement ? », interroge Rushyashya.

Jean Baptiste Rucibigango répond:

« ‘Non, vous savez que le partage du pouvoir était l’émanation des accords d’Arusha, aujourdhui, il y a un parti qui a gagné les élections. Ce partage est généralement fait par le parti vainqueur des élections. Nous avions peu de place dans le temps, juste celle de parlementaire. Ce n’était pas suffisant. Actuellement, c’est en toute justice que nous voulons une place au gouvernement pour que nous puissions faire passer nos idées et permettre à notre parti d’être utile au peuple. Cela passe par le Forum des partis ou par des négociation avec le parti vainqueur des élections. Nous essayons toujours de négocier avec ce parti afin de mieux servir le peuple tout en étant au gouvernement, mais tout n’est pas encore réglé. J’espère que les services habilités, surtout le parti qui a gagné les élections, s’intéresseront à ce cas précis un jour ou l’autre et qu’ils nous donneront une réponse favorable’. »

Une belle place au soleil pour mieux servir le peuple, voilà ce que réclame le PSR, ou plutôt son président ! Faut-il – pour être franc- avoir nécessairement sa place au gouvernement pour servir efficacement le peuple ? Dans de petits partis comme les nôtres, il est parfois difficile de séparer les intérêts du parti et ceux de son président surtout que, quand la cloche qui sonne le début du partage du gibier retentit, c’est lui qui se présente en premier, pour être appelé en premier et être nommé tel…Et puis, rien. Fini les belles idées socialistes de Jean Jaurès ! L’océan devient trop grand pour être navigable jusqu’à la rive GAUCHE, celle des gauchisants.

NDJ
Pourquoi tant de va-t-en-guerre ?

Alors que l’on parle du nouveau RPR prêt à en découdre avec le régime de Kigali, qui s’organiserait déjà quelque part dans les Grands Lacs, le journal Urumuri du 11 au 18 novembre révèle que les FDLR ratissent large dans la province de Gisenyi. Leurs éléments seraient présents dans tous les secteurs de la vie politique et administrative de cette province du nord-ouest

« Après que nous vous avons parlé des cotisations rassemblées par les FDLR dans la préfecture de Kibungo, dans le district de Kabarondo, c’est le tour de la préfecture de Gisenyi, où il se dit qu’il y a le président de la dite organisation qui dirige des réunions secrètes, de nuit. Les sympathisants des FDLR en province de Gisenyi se recrutent partout essentiellement dans les associations (« amashyirahamwe ») oeuvrant dans la ville de Gisenyi. Parmi eux aussi, il y a les anciens dirigeants des gacaca qui ont été démis de leurs fonctions parce que de lourds soupçons de génocide commis dans le district Cyanzarwe et le district Gasiza pesaient contre eux. Ils intimident les témoins leur disant que le régime peut, tout le temps, changer et ce serait à eux de se retrouver dans le box des accusés. Un d’entre eux empêche les prisonniers de ne rien dire sur les dirigeants coupables de génocide. C’est ce que nous ont révélé des gardiens de prison et des détenus de la prison de Gisenyi… »

Les FDLR n’entrent donc pas seulement par les postes de douanes reconnus quand il rentrent au pays, de leur propre gré. Le confrère du journal Urumuri écrit que des éléments des FDLR pénètrent secrètement sur le territoire rwandais et mènent des campagnes de sensibilisation en province de Gisenyi.

« Alors que nous mettons sous presse ces papiers, nous apprenons que les FDLR ont déjà infiltré des éléments dans tout le pays, dans le but de rassembler des cotisation financières. Tout cela se fait alors que les dites forces affirment vouloir rentrer volontairement au pays en passant par les postes de frontières connues. C’est vrai aussi qu’il y en a qui entrent clandestinement dans le pays. Les Rwandais doivent rester vigilants afin d’éviter de payer de l’argent qui servira à détruire leur pays. Plusieurs dirigeants de Gisenyi sont soupçonnés d’être des sympathisants des FDLR…Les activités menées par les FDLR consistent à semer la zizanie parmi la population, à inciter les gens à tuer en leur promettant que la victoire est proche et que bientôt ils seront libérés du joug du régime actuel… »


FDLR & FNL, même combat

Le ministre des collectivités locales, Protais Musoni, vient confirmer, dans The Newsline, que les FDLR sont actuellement très actives dans la sous-région. Aux dires du ministre, elles voudraient créer un front sud, ou du moins une zone d’entraînement et de recrutement au nord du Burundi, à partir des camps de réfugiés qui accueillent des Rwandais chaque jour qui passe.

« Quand nous avons interrogé au téléphone le ministre Musoni Protais, il nous a répondu qu’environ 3 300 Rwandais réclament l’asile au gouvernement burundais et vivent dans le nord de ce pays. ‘ Ces groupes rebelles qui restent actifs sont responsables des flux de réfugiés Rwandais qui se rendent au Burundi’, a dit le ministre Musoni. Selon toujours le ministre Musoni, les Forces Démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) encouragent les populations Hutu des régions frontalières de fuir vers le Burundi, pour qu’ensuite les jeunes aillent grossir leurs rangs. Il a aussi confirmé que les FDLR travaillent en étroite collaboration avec le FNL (Front national de libération) du Burundi qui veulent déstabiliser à la fois le Burundi et le Rwanda. Les nouvelles recrues reçoivent des entraînements dans la forêt de la Kibira qui s’étend aussi sur le sud du Rwanda et l’Est du Congo… »

« Le conseil de sécurité impose un embargo sur les armes aux FDLR », titre en une The New Times du 11 au 13 novembre qui précise aussi que cette annonce faite à Kigali par la délégation onusienne dirigée par l’ambassadeur de la France aux Nations Unies, Jean Marc de la Sablière, n’a pas été accueillie avec trop d’enthousiasme par les responsables rwandais qui en ont toujours entendu pareilles dans le passé sans que rien ne soit réellement fait de concret.

« Priée de faire un commentaire sur la visite de la délégation du conseil de sécurité de l’ONU, Rosemary Museminari, Ministre d’Etat en charge de la coopération régionale, a déclaré : ‘ Ils nous ont demandé si nous pensons que tout a été fait par la MONUC pour désarmer les milices et nous leur avons répondu que des efforts beaucoup plus importants doivent être fournis pour que ce chapitre soit clos’… ‘ Ils semblent ne pas connaître les personnes ou les pays qui fournissent des armes à ces forces rebelles, vont-ils vraiment faire assez de contrôle dans tous les pays voisins du Congo ?’, s’est est-elle interrogé »

Encore faut-il se demander si la décision d’empêcher les dirigeants des FDLR de circuler coupera le cordon ombilical qui lie l’aile politique de ladite rébellion qui se la coule douce en Allemagne, en France et ailleurs sur le vieux continent, et l’aile militaire qui écume les forêts congolaises. Le Dr Mutsindashya, cacique des caciques au sein des FDLR, marié à une Allemande (selon Umuseso), ayant acquis la nationalité allemande et vivant au pays d’Hitler, cessera-t-il désormais de faire un détour par Kinshasa pour se rendre dans les Kivu ?

« Murwanashyaka deviendra comme Rwasa du FNL », note Umuseso qui poursuit en disant :

« Ceux qui connaissent Murwanashyaka savent qu’il est aussi intransigeant que Rwasa du FNL-Palipehutu. La seule différence entre le deux, c’est que l’un dit vouloir des négociations directes avec le gouvernement, même si on ne sait pas ce qu’il souhaite vraiment, et que l’autre oppose un refus catégorique... »

Mais alors, faut-il prendre à la légère la menace proférée par le RPR ? telle est la question que se pose Umuseso qui relève ensuite que, même si cela ne serait qu’une plaisanterie de mauvais goût, il reste vrai aussi qu’il y a des personnes qui pensent peut-être à l’option militaire pour se faire entendre.

« On a tant parlé de la naissance du RPR, des éléments des FDLR qui rentrent au Rwanda pendant que d’autres disent se battre sur le territoire rwandais. Même si cela n’est peut-être que de simples menaces, il ne faudrait pas ignorer qu’il y a encore des Rwandais qui pensent encore à l’option militaire pour faire valoir leurs droits. Cela fait sans doute peur à ceux qui se disent qu’un pays qui n’est pas encore sorti des conséquences du génocide ne mérite pas une guerre civile… »

Si donc les milieux intellectuels du pays et bien d’autres analystes croient que les chances de réussite d’une nouvelle rébellion sont minces, il semble que tel n’est pas le cas des campagnes qui n’ont rien oublié de la guerre, du génocide de 1994 et des multiples incursions des miliciens Interahamwe, à partir du Congo voisin, dans les années passées.

« Depuis que l’on parle de la naissance du RPR, un mouvement politique disposant d’une branche militaire, nous avons essayé de tâter le pouls en discutant avec nombre de personnes ; je suis allé à la campagne où nous avons approché des gens de Kibungo et Gisenyi. J’ai pu constater que les paysans ont peur. Ils disent avoir été gravement affectés par la guerre et qu’ils ne peuvent permettre à quiconque de les empêcher de vivre en paix…Certains craignent que ces menaces n’affectent encore sérieusement l’entente déjà précaire qui règne entre les différentes composantes de la société rwandaise. C’est fort possible que quelques individus en profiteront pour accuser d’autres d’appartenir au RPR, pour des raisons diverses, comme ce fut le cas lors des attaques des infiltrés. Cela peut être une belle occasion offerte aux responsables administratifs véreux de racketter la population pour cette seule raison… »

Telles peuvent être ainsi les conséquences indirectes d’une guerre qui n’aura peut-être pas lieu. L’éditorialiste du journal Umuseso soutient qu’il faut faire quelque chose pour éviter justement que la guerre du RPR n’ait lieu, même si, malheureusement, il ne dit pas Quoi (faire) exactement.

« Afin d’éviter de façon définitive une guerre à la région, il y a quelque chose qui doit être fait, et du côté de ceux qui veulent attaquer, et du côté de ceux qui seront attaqués. Ceux qui suivent de près cette question la voient sous deux angles principalement et ils sont d’avis que les solutions ne peuvent être trouvées si on ne parle pas de cet état de chose. D’une part, les gens ‘se demandent pourquoi ce sont les combattants du FPR de la première heure dans la guerre de libération du Rwanda qui ont repris le chemin de l’exile, pour ensuite revenir dire aujourd’hui qu’ils veulent retourner leur armes contre leurs anciens compagnons de lutte’. D’autre part, une certaine opinion pense plutôt que le gouvernement doit chercher les origines de cette agitation afin de trouver des solutions adéquates. »

« Le RPR est commandé par un ancien major des FRD (l’actuelle armée rwandaise) », titre Umuseso qui confirme- contrairement à ses déclarations de la semaine dernière- que le commandement de ce nouveau groupe rebelle est détenu par des anciens de l’APR (Armée Patriotique Rwandaise ).

« Umuseso a récemment appris que le RPR qui vient de déclarer la guerre au gouvernement rwandais, qui dit mener ses opérations à l’intérieur du Rwanda, est commandé par le major Francis Rukeba, ancien officier de l’APR qui a pris la direction de l’exile en 1998. Comme Umuseso l’a appris des personnes qui ont voulu garder l’anonymat, le commandant David Sano, porte-parole du RPR qui a fait sa première déclaration à la VOA, s’appelle, de son vrai nom, Lieutenant Bosco Sasita, ex officier de l’APR qui s’est exilé en Ouganda…Umuseso a en outre appris que le Lt Bosco Sasita vit en Ouganda et se positionne comme le bras droit du major Francis Rukeba. Tous les deux semblent être les hauts dirigeants de ce mouvement rebelle… »,

rapporte Umuseso qui ajoute que les autres dirigeants militaires de cette rébellion sont d’anciens ex FAR ayant comme arrière-base, l’Est du Congo.




Le colonel Mutebutsi aurait-il réellement disparu ?

La confirmation vient du journal The Newsline qui révèle que ce rebelle munyamulenge a rejoint le Général Nkunda à l’Est du Congo. Une région qui, n’en déplaise à l’Onu et à la communauté internationale dans son ensemble, reste une véritable poudrière, un passage obligé pour tout rebelle de la région des grands lacs. Sachez aussi que le dernier mouvement rebelle burundais, le FNL, a aussi déplacé ses bases dans le sud Kivu. Un cocktail de mouvements armés et donc une multitude d’équations à résoudre dans cette région de la Rd Congo qui se prépare à organiser ses premières élections pluralistes depuis l’indépendance. Pour revenir au colonel rebelle qui était, il y a peu, détenu par les services de sécurité rwandais, The Newsline nous apprend que

« …après plus de cinq mois de détention dans un camp militaire de Kanombe,…le colonel Mutebutsi a été relâché, et il a ensuite rejoint le renégat Nkunda dans l’Est du Congo. Il a été libéré le 21 octobre 2005 par des autorités militaires et gouvernementales. Des sources sûres ont révélé à notre reporter que de hautes autorités du pays ont dû intervenir pour exiger sa libération. Quand The Newsline a contacté un officiel du ministère de la défense, il a appris, sous le couvert de l’anonymat, que le colonel Mutebutsi suivait normalement des cours d’anglais en attendant qu’un pays étranger accepte de l’accueillir, dans le strict respect des conventions de l’ONU… »

Peut-on s’attendre à un nouveau feuilleton Nkunda-Mutebutsi ? Nul ne sait. Que les FDLR demeurent toujours dans les Kivu, que le RPR vienne se mettre dans la danse et que le colonel Mutebutsi disparaisse mystérieusement, fort vraisemblablement pour rejoindre le général Nkunda, qu’enfin Museveni menace toujours d’envoyer ses chars dans l’Ituri (officiellement !) cela nous promet, à coup sûr, des heurts. La MONUC n’y verra que du feu, comme d’habitude. Et les démons de la guerre ressusciteront !




NDJ
Des gisements de pétrole à l’Est de l’Afrique !

La prospection va bon train dans l’une des régions les plus pauvres du monde. Il s’agit de parcourir les trois pays de la communauté Est-africaine à la recherche de l’or noir, si l’on en croit The Daily Monitor ougandais du 2 novembre. L’investissement en vaut donc la peine pour, éventuellement booster les exportations dans ces trois pays qui vivent toujours sous perfusion étrangère.

« Les explorations effectuées ces dernières années ont montré qu’il y a des traces de pétrole dans cette région est-africaine, a confirmé un haut fonctionnaire de la communauté Est-africaine. Le Dr. Nyamajeje Caleb Weggoro, un économiste de l’EAC (East African Community) a déclaré que si les recherches s’intensifient, il y a lieu de prouver bientôt qu’il y a des gisements de pétrole pouvant susciter des investissements sérieux. Il a ajouté que des données sismiques ont montré qu’il y a du pétrole dans les segments géologiques s’étendant sur les trois pays : Tanzanie, Ouganda et Kenya… ‘ Je ne confirme pas que nous avons découvert du pétrole, mais toutes les indications prouvent la présence de pétrole dans l’Est de l’Afrique. Les trois pays partagent le bassin potentiellement riche en pétrole’, relève le Dr Weggoro… »

Chaque pays aura ainsi ses propres gisements,…ses propres pétrodollars.

« En Tanzanie, environ huit compagnie font la prospection de pétrole dans l’île de Songo Songo, à Mtwara et Lindi où on extrait déjà du gaz naturel pour la production d’électricité. Au Kenya, quatre consortiums font déjà de la prospection pétrolière on shore et off shore, dans la région de Lamu, à l’Est du pays et dans la région du Rift Valley. En Ouganda, les recherches ont montré qu’il y a des gisements de pétrole à Semliki, aux abords du lac Albert. Le Dr. Weggoro a démenti les rumeurs disant que l’exploitation du pétrole du bassin de Semliki est sabotée par des forces étrangères. ‘C’est sûr que l’Est de l’Afrique aura son propre pétrole dans quelques années, pour ensuite réduire sa dépendance vis à vis de l’étranger en matière énergétique’, a-t-il déclaré, ajoutant que les trois pays sont en train de voir comment harmoniser les politiques et législations du secteur pétrolier… »,

rapporte The Daily Monitor qui précise aussi que les trois pays dépensent chaque années plus d’1 milliard de dollars dans l’importation des produits pétroliers. Bonne chance pour ces chercheurs d’or noir dans une région qui est aussi la nôtre. Nous ne pourrons que nous en réjouir. Mais la joie peut être de courte durée si l’on se souvient que le pétrole, en Afrique, n’est pas l’affaire du peuple, mais celle des dirigeants et des multinationales qui l’exploitent à la place des puissances étrangères qui les envoient. Les exemples nigérian, congolais (Congo Brazzaville), angolais,…et plus récemment le Tchad, en disent long sur le désenchantements des peuples du continent au sujet de tout ce qui est or noir.

« Les prix des produits pétroliers en Ouganda ont un impact sérieux sur l’économie », titre The New Times du 1er novembre. Comme pour dire que l’économie ougandaise en plein essor risque d’être gravement affectée par cette flambée des prix de pétrole.

« Les prix d’essence sont passés de 1900 Shs à 2200 Shs le litre, en deux mois seulement… ‘ Cela peut affecter négativement l’économie, étant donné que la hausse des prix de pétrole réduit les revenus. Et les investisseurs ont du mal à faire l’épargne, les dépenses pour les produits pétroliers s’accaparant de la part du lion’, déclare un homme d’affaires. Cette hausse des prix de carburant touche également la politique macroéconomique du pays qui perd sa stabilité … »
En Tanzanie, The East African se plaint que « les effets de la croissance ne bénéficient pas aux plus pauvres ». Toutefois, comme l’écrit toujours ce journal, le pays veut doter le secteur informel d’instruments légaux.

« L’objectif principal de ce programme c’est de concevoir une politique et des stratégies permettant de faire entrer le secteur informel dans un cadre légal afin de booster la croissance, réduire la pauvreté, mais aussi accroître la masse taxable… »

Le journal Umuseso , lui, conseille au ministre des finances Nshuti Manasseh, de ne pas penser à revoir à la hausse les prix d’eau et d’électricité- ce qui ne serait qu’un moyen d’appauvrir ceux qui gagnent déjà moins. « …revoyez plutôt à la hausse les impôts et taxes sur les véhicules », écrit le journal.

« Il semble que bientôt, le KWH va coûter 150 Frws. C’est trop pour un petit consommateur de courant…c’est le ruiner. Je suis sûr que si on avait donné la parole au peuple, on aurait su où trouver cet argent qui manque pour que les usines continuent de travailler dans de bonnes conditions…Beaucoup d’entre nous auraient proposé que l’Etat revoie à la hausse les impôt perçus sur les grosses voitures qu’il est en train de vendre à des prix dérisoires… »






N.B.
Le Lieutenant Abdoul Ruzibiza et son brûlot

Il s’appelle Ruzibiza. Il a fait partie, pendant dix ans, des FRD (anciennement appelées APR). Il vit aujourd’hui en Europe d’où il vient de publier un livre intitulé : Rwanda. Histoire secrète dans lequel il raconte ce qu’il conviendrait d’appeler aussi l’Histoire secrète du FPR. La presse locale qui essaye de commenter ce brûlot s’interroge, dans l’ensemble, sur les motivations de cet acte qui vient étayer les thèses négationniste du double génocide très en vogue dans les milieux hutu de Bruxelles, Paris et ailleurs en Occident. A voix haute, et dans un langage plus terre à terre qu’académique, il a répondu à Servilien Sebasoni, porte-parole du FPR, sur les ondes de la BBC, qu’il a écrit ce livre « pour tous les Rwandais qui veulent que justice soit faite…des deux côtés… ! » ‘Faux’, répond un confrère du journal Rushyasha pour qui « Ruzibiza n’a fait que signer un livre écrit par les Français. »

« Après avoir crié à tous ceux qui voulaient l’entendre qu’il a participé à l’opération qui a occasionné le crash de l’avion du Président Habyarimana, sur ordre de Kagame, alors qu’il était un militaire de l’APR, voilà que maintenant les Français lui font publier un livre sur le génocide. Le plus grave dans tout cela, c’est qu’il ose dire qu’il y a eu un double génocide, alors que le monde entier n’a reconnu que le seul génocide commis contre les Tutsi. Il dit que les hutu ont tué les tutsi, mais qu’après la guerre, les militaires de l’APR ont aussi massacré des hutu et surtout ceux qui avaient fui vers le Congo. Ruzibiza souhaite ainsi que les militaires de l’APR ayant trempé dans ces massacres soient jugés par le TPI d’Arusha… »

Le journal soutient que les hutu morts avant et après le génocide ont été tués parce qu’ils étaient opposés au MRND, des miliciens Interahamwe ou supplétifs des FAR. D’autres, ajoute-t-il, ont fui vers l’ex Zaïre après avoir commis le génocide et n’ont pas pu résister aux mauvaises conditions de vie menée dans les forêts congolaises.

« Dans son livre, le lieutenant Abdoul Ruzibiza ajoute que la chasse aux Hutu continue au Rwanda. Il dit que les extrémistes tutsi pointent toujours du doigt des Hutu qu’ils veulent éliminer…Chose étonnante, Ruzibiza raconte ce qui s’est passé à Butare, Kibungo, Gisenyi, au Congo comme s’il était le commandant en chef des armées. Quoi qu’il en soit, qu’un individu accepte de l’argent pour signer un tel brûlot, cela ne peut en aucun cas l’honorer. Car le monde entier connaît la réalité du génocide des tutsi… »

Ruzibiza est-il l’auteur de « son » livre ?

A l’instar du journal Rushyashya, Umuseso se pose aussi la question.

« Ceux qui savent bien ce qui s’est passé au Rwanda ont déjà relevé des erreurs qui leur font dire que Ruzimiza réécrit délibérément l’Histoire. Par exemple, à la page 263 de son livre ,il dit que le député Gatete Polycarpe faisait partie de ceux qui se sont réfugié au CND et au stade Amahoro, et qu’il livrait aux militaires du FPR les listes de Hutu qui devraient être exécutés. Mais tous ceux qui le connaissent savent qu’il n’a pas vécu dans la capitale Kigali durant tout le mois d’avril (1994). Depuis le 4 avril jusqu’à la fin de ce mois, Gatete était à Cyangugu, au domicile de l’évêque de Cyangugu…Et puis, il n’est pas précis sur les causes du génocide et ses auteurs. D’une part, il dit : ‘ personne ne peut nier que les Hutu ont tué les tutsi.’ Et, d’autre part, il révèle : ‘ C’est le FPR qui a préparé les massacres des tutsi’. Ailleurs, il écrit : ‘Ce sont les Français et le régime Habyarimana qui m’ont rendu orphelin en massacrant toute ma famille’. Comment alors les Hutu ont-ils pu mettre en œuvre le plan du FPR qu’ils accusaient d’être composé de tutsi. C’est là que les gens commencent à douter des vraies motivations de ce rescapé du génocide qui ose affirmer que celui-ci a été planifié par les tutsi… »

Le confrère d’Umuseso renchérit en disant :

« Ce sont toutes ces contradictions qui font dire à certaines personnes que Ruzibiza n’est pas l’auteur de ce livre. Ces doutes sont alimentés par le fait que la préface est signée Claudine Vidal et André Guichaoua, très connus pour leur hostilité au régime de Kigali…Il y en a même qui affirment que la Ruzibiza est la marionnette de la France. Il semble que depuis la fuite du Lt Ruzibiza vers l’Ouganda, les Français sont venus le chercher à Kampala…Il a fini par aller en Norvège. Il quitte souvent ce pays pour aller en France escorté par des éléments de la DGSE français, chargé du contre-espionnage… »

Ainsi, si l’opinion publique s’interroge toujours sur les réelles motivations de la publication du livre de Ruzibiza, il semble aussi que les adversaires du pouvoir de Kigali veulent désormais l’atteindre là où il affiche ses faiblesses : l’écriture. Dans un pays qui se défend bien sur le plan diplomatique, où la culture de l’oralité est une tradition ancienne, aucun livre sur la guerre d’octobre n’a été écrit jusque là. Aucun livre sur le génocide écrit par ceux qui l’ont arrêté ! Aucun ! Étonnant, n’est-ce pas ! Comment voulez-vous que les occidentaux qui savent la valeur des écrits, aujourd’hui et demain, ne fassent probablement signer des livres écrits d’avance aux Rwandais qui, pour une raison ou une autre, souhaitent réécrire l’Histoire à leur façon ?


Encore des rescapés du génocide tués, 11 ans après

« Si on continue d’assassiner les rescapés du génocide, ils se défendront, le cas échéant », tel est le titre de l’éditorial du journal Rushyashya . Le journal rappelle ainsi que le diable de Kaduha et ailleurs dans le pays est encore vivant.

« Après les crimes crapuleux commis contre des témoins des gacaca dans la province de Gikongoro, à Kaduha, cette idéologie génocidaire se répand partout dans le pays. Vous vous rappelez de ce qui s’est passé à Kibungo, où des témoins ont été empoisonnés. Et les coupables sont encore là, libres. A Kimoronko où un témoin à charge de l’honorable Etienne Mangari a été retrouvé mort. Aucune enquête n’a permis de retrouver les coupables pour qu’ils soient châtiés. Plus récemment, un témoin a été abattu au gourdin, aux environs de 16h, au vu de tout le monde. Ceux qui l’ont tué disaient qu’il avait écrasé quelqu’un avec son vélo…Celui-là aussi est parti ! A Kimisagara, des malfaiteurs sont venus crever les yeux d’ une vieille dame qui témoignait devant gacaca. Les coupables n’ont jamais été retrouvés. Tous ces actes visent à leur faire taire afin qu’ils ne témoignent pas…Si on continue à minimiser ces actes d’intimidation, nous ne réussirons jamais notre politique d’unité et de réconciliation nationale. Si le gouvernement est incapable de punir ceux qui intimident les témoins, le cas échéant, les rescapés se défendront. »

Mais, ont-ils les moyens de mettre cette menace en exécution !Rien n’est moins sûr. Le confrère aurait mieux fait de dire « comment » et « quand ». Seulement, l’Association des rescapés du génocide « Ibuka », dans la voix de son président, Ngarambe F.X, est d’avis que la recrudescence de ces cas d’assassinat et due au retour en masse sur les collines des ex détenus ayant fait acte de repentir en prison. Parmi ceux-ci des femmes qui, à en croire Kinyamateka , « font face à une difficile réintégration » dans la société rwandaise. « Totalement démunies et montrées du doigt par la société, les ex prisonnières du génocide libérées ces derniers mois au Rwanda ont du mal à retrouver une vie normale », écrit le journal Kinyamateka. Certaines d’entre elles n’ont peut-être fait que piller les biens des disparus, mais la société leur à jamais fait porter l’habit de « tueur ». Témoignage du bi-mensuel catholique :

« ‘Rares sont les femmes qui ont pris les machettes pour tuer, mais dernièrement je suis passée à côté des gens qui m’ont pointée du doigt en disant que j’ai tué beaucoup de gens alors que j’ai pillé leurs biens, avoue avec chagrin Mme Mukamana. Actuellement, je suis prête à les rembourser mais je suis sûre qu’après avoir remboursé je serai toujours considérée comme génocidaire…’ Marie M. témoigne : ‘ Quand nous nous levons pour témoigner dans les gacaca, les gens nous observent beaucoup et certains disent à haute voix qu’ils veulent voir à quoi ressemble une femme tueuse. Cela n’est pas le cas quand les hommes témoignent. C’est comme si notre rôle dans le génocide dépasse de loin le rôle joué par les hommes…’ »

Terrible expérience pour ces femmes qui sont aussi appelées à aller dans les familles des rescapés pour demander pardon. Il leur faudra porter le fardeau jusqu’au bout du chemin de leur vie !

« Elles savent aussi qu’elles doivent aller demander pardon aux rescapés, c’est une des conditions de leur libération provisoire. ‘Nous avons déjà commencé à témoigner publiquement dans les juridictions gacaca mais il est encore tôt pour entamer une discussion individuelle avec les rescapés du génocide en vue de leur demander pardon’, explique Madeleine K. qui reconnaît son rôle dans le génocide. ‘ C’est un processus qui nécessite une attention et une prudence de la part des deux côtés, mais la balle est dans notre camp’… »

« Justice : Difficile apprentissage du droit dans les juridictions gacaca », révèle en manchette Cyrien Kanamugire dans Kinyamateka . Le confrère relève ainsi, comme il le dit, quelques « subtilités du droit qui échappent aux juridictions gacaca lors des procès ». Il en donne, entre autres, l’exemple suivant :

« M. M.V a plaidé coupable d’un crime qu’il a été forcé de commettre sous menace, visiblement sous la crainte irrésistible. ‘J’ai tué cette personne, a-t-il répété lors du procès, mais je n’ai pas voulu ce crime, et vous avez la preuve.’ Il venait de passer 9 ans en prison pour ce crime dont il s’est repenti en 1997. La juridiction de son secteur le condamna à 7 ans de prison. Les survivants de la famille de la victime se sentirent choqués par une peine jugée légère. Les juges eux-mêmes n’ont pas eu à s’interroger sur le fait que les trois éléments de l’infraction n’étaient pas réunis. Les éléments matériel et légal étaient là, mais l’élément intentionnel n’était pas évident. L’homme n’avait pas voulu ce crime, et le siège disposait d’assez de preuves. Devant un juriste de métier, l’homme pouvait être acquitté ».

Difficile lecture de la loi aussi du côté de la police nationale

« Les avocats des policiers ont refusé de violer les lois et ont démissionné », titre Umuseso qui développe :

« Les avocats de la défense des quatre officiers de police, trois sous officiers et deux civiles ont démissionné de leur poste. Le 4 octobre 2005, les quatre avocats ont indiqué qu’ils ont refusé de continuer à violer délibérément la constitution et la loi pénale en vigueur dans le pays. Ces avocats ont clairement fait savoir au tribunal de la ville de Kigali qu’ils regrettent que le tribunal continue de juger une affaire alors que les précédentes décisions du même tribunal n’ont pas été exécutées…le tribunal avait en effet décidé leur libération provisoire mais ils n’ont jamais été mis en liberté…Ces avocats craignent aussi la lourdeur des peines encourues par ces policiers suite aux pressions faites par les chefs de la police… »

L’article du journal, alourdi par de multiples répétions, dues peut-être à l’émotion que ce cas suscite chez ce confrère !, n’en dit pas plus, si ce n’est rappeler qu’une institution comme la police ne devrait pas traiter ainsi ses agents.



N.B
Revue Hebdomadaire de la Presse Rwandaise
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«Noires fureurs, blancs menteurs. Rwanda 1990-1994»: le livre de Pierre Péan qui fâche.


Le livre qui fâche (08/12/2005)

L'enquête de Pierre Péan met en cause Paul Kagamé dans les massacres du Rwanda au début des années 90

BRUXELLES Pierre Péan a frappé fort. Certes, le journaliste n'a pas l'habitude des ouvrages politiquement corrects, mais, avec son livre-enquête sur les événements qui ont ébranlé le Rwanda au début des années 90, l'auteur a soulevé un véritable tollé international qui lui a valu d'être traité de révisionniste, voire de génocidaire.

Pourquoi tant de haine? D'abord, peut-être, parce qu'il ose critiquer ouvertement certains de ses confrères et consoeurs qui ont relaté leur vision des faits dans ce pays déchiré par la guerre; ensuite, et surtout, parce qu'il ose mettre en cause l'actuel homme fort de ce pays, le président Paul Kagamé, qu'il désigne comme le responsable de l'attentat qui a abattu l'avion qui ramenait au pays le président hutu Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994. Une nouvelle version de l'attentat qui a déclenché les massacres au pays des mille collines et qui contraint le monde entier à une nouvelle lecture des faits.

«Je ne suis quand même pas le premier à avoir enquêté sur ce dossier et à être arrivé à cette conclusion. Ce qui est vrai, c'est que je suis peut-être le premier a être entendu parce que, au fil des ans et de mes livres, j'ai acquis, sans chercher à me rengorger, une certaine réputation.»
Dans son ouvrage, Péan donne la parole à de nombreux acteurs de la scène rwandaise du début des années 90. Il démontre, preuves à l'appui, que les Tutsi qui vivaient en exil en Ouganda depuis 1959 et à la tête desquels on retrouve Paul Kagamé avaient orchestré de nombreuses attaques mortelles sur le sol Rwanda avec l'aval de leur pays d'accueil dans le but de «désorganiser les structures de l'État qu'ils voulaient dominer».

Des attaques, un attentat et un calendrier des événements post-6 avril 94 qui jettent le doute sur les affirmations du pouvoir en place à Kigali et sur la principale justification de ce pouvoir: le génocide tutsi perpétré et planifié par des Hutu assoiffés de sang et de vengeance.

Jamais, il faut le souligner, Pierre Péan ne remet en cause les massacres ethniques qui ont marqué l'histoire de ce pays et du monde en cette fin de XXe siècle. Mais l'homme ose remettre en cause une vérité qui paraissait éternelle et parle de double génocide évoquant les massacres perpétrés aussi par les Tutsi à l'égard de la population civile hutue.

«J'ai été marqué par une phrase que m'a dite Mitterrand à l'été 94, quelques jours après qu'il a reçu le président ougandais Yoveri Museveni (NdlR: le parrain du FPR, les troupes tutsi qui sont parties de chez lui ). Il m'a dit, vous savez, les Tutsi tuent aussi!»

Aujourd'hui encore, plus de onze années après les faits, certaines vérités ne semblent pas bonnes à dire. «Moi, en tout cas, j'arrête les interviews, explique Pierre Péan. J'attends désormais que le juge Bruguière sorte le rapport sur son enquête sur ces événements. J'ignore précisément quand il le dévoilera, mais je pense savoir qu'il s'agit d'une question de semaines et qu'il ira dans le même sens que ce que j'ai écrit.»

Comment expliquer cette levée de boucliers contre cet ouvrage? Pour Pierre Péan, l'explication tient en un terme: génocide. «Quand on est face à ce terme, il est quasi impossible de faire entendre raison. J'ai été accusé des pires choses, mais personne n'a jamais démonté les faits que j'apporte.»

Tout au long des 500 pages de son ouvrage, Pierre Péan se livre à un examen précis des événements qui se sont succédé au Rwanda entre 1990 et 1994. Un enchaînement de faits qui suscite au moins l'interrogation et qui remet en question une lecture souvent caricaturale -et en tout cas très occidentale- des événements.

Pierre Péan: Noires fureurs, blancs menteurs. Rwanda 1990-1994, Ed. Mille et une nuits.
Hubert Leclercq

© La Dernière Heure 2005

8/12/2005
Le livre qui fâche
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Abatabizi bicwa no kutabimenya.
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"L'homme, à mon avis, se perfectionne par la confiance. Par la confiance seulement.
Jamais le contraire." (Mustafaj) ====================================================